Après la guerre les choses vont durablement changer pour la sf française. En effet l’on commence à traduire des auteurs anglosaxons qui amènent leur inventivité. Grâce à des érudits comme Jacques Bergier on exhume le meilleurs des pulps magazine. En même temps c’est aussi l’apparition d’une science fiction française résolument moderne. A la fin des années 40 déjà, BR Bruss avait avec ses romans Et la planète sauta (l’un des premier roman décrivant l’apocalypse post nucléaire en langue française) et l’apparition des surhommes, avait déjà montré que la SF française était loin d’être à la remorque de qui que ce soit.
Mais le début des années 50 c’est le début de deux collections et d’une maison d’édition spécialisée qui vont faire figure d’institutions dans les années qui vont suivre. La première, c’est la collection Anticipation du Fleuve Noir, qui va publier principalement des auteurs populaires de langue française. Cette collection va voir son contenu monter en qualité avec l’arrivée de BR BRuss, Stefan Wul ou Kurt Steiner (pseudonyme d’André Ruellan). Même si la plupart des auteurs de cette collection ne sont que des conteurs populaires, elle a le mérite de se trouver assez facilement, Fleuve Noir étant distribué à l’époque dans un réseau de distribution assez éclectique dans lequel les librairies étaient minoritaires. C’était la seule collection que l’on trouvait réellement sur l’ensemble du territoire français.
Les éditions Opta seront une autre institution. Ces éditions publieront des collections clubs pour bibliophiles (le club du livre d’anticipation ou plus tard Aventures fantastiques), une collection de poches (Galaxie bis) mais seront surtout connus comme éditeur de revue. Ils lanceront Fiction, revue mythique qui durera jusqu’en 1990 puis Galaxie qui disparaîtra dans les années 70. Ces revues donneront leur chance à de jeunes auteurs ( comme le mythique nouvelliste Michel Demuth) ou à des essayistes comme Jacques Sadoul ou Jacques Goimard qui se feront connaître des années plus tard dans le monde de l’édition. Opta, coté roman, publiera surtout des traductions et peu d’auteurs français.
La troisième institution éditoriale que je vais aborder ici, c’est la collection le Rayon Fantastique des éditions Hachette qui sera ensuite reprise par Gallimard. Cette collection qui ne durera que 10 ans fera paraître des romans issus de la plume des meilleurs auteurs des pulps qui voisineront avec des auteurs français talentueux. C’est au Rayon Fantastique que l’on doit la découverte de Francis Carsac et celle de Nathalie Henneberg puis ensuite celle de Pierre Barbet qui aura quelques années plus tard une belle carrière au Fleuve Noir.
Si la belle dynamique s’émousse quelque peu dans les années 60, c’est au début de celles ci qu’apparaîtront une autre collection mythique, Présence du Futur des éditions Denoel. Là encore, cette collection se fera connaître avec des traductions avant de se mettre aux auteurs français. Mais dans ce domaine elle brillera surtout dans les années 70.
Les principaux auteurs de la période :
Francis Carsac :
il écrit une science fiction classique assez proche de ce que fait la SF américaine à la même époque. Son premier roman Ceux de Nulle part, où deux terriens du vingtième siècle découvre un vaisseau spatial en panne et c’est le début d’une grande aventure galactique. Les Robinsons du Cosmos commence avec des humains qui se retrouve téléporté sur une autre planète à la suite d’un phénomène étrange. Dès ces deux premiers romans Carsac frappe fort. Très loin de ses contemporains, il est dans une science fiction très moderne et qui finalement n’a que peu vieillie. Le ton est donné. Il continuera son oeuvre à la fois romancier et nouvelliste jusqu’à sa mort en 1979.
Nathalie Henneberg :
Nathalie Henneberg est un auteur atypique. Tout simplement parce qu’elle est une femme dans un milieu littéraire plutôt masculin. Elle est même obligé de cosigner ses romans avec son mari pour les faire publier. Les romans de Nathalie Henneberg sont marqués par une grande poésie. On retiendra d’elle, La Plaie, véritable livre univers ainsi que les Dieux Verts, fresque post apocalyptique d’une grande poésie.
Stefan Wul :
Cet auteur a véritablement marqué son époque et la SF française toute entière. Son roman Niourk est devenu un vrai classique. Il a été adapté deux fois à l’écran. Ses romans Oms en série et l’orphelin de Perdide son devenu des dessins animés grâce au réalisateur René Laloux, respectivement sous les titres La planète sauvage et les maîtres du temps. Stefan Wul a fait son retours plus tard dans les années 70 avec Noo, un planet opera assez atypique. Il a aussi écrit des poèmes de science fiction en parallèle de son oeuvre en prose.