La fantasy est un genre qui s’est révélé tardivement en France. Il n’y a pratiquement pas eu une proto fantasy comme il y a eu une proto science fiction à la fin du 19éme siècle. De 1900 à 1970 peu d’oeuvres peuvent être caractérisées comme de la fantasy. Quelques exceptions existent comme André Lichtenberger et son roman Les Centaures, Théophile Briand qui revisite la légende Arthurienne dans son très lourd roman en vers, Le Testament de Merlin. Et il faut signaler également l’auteur surréaliste Charles Duits qui a signé avec Ptah Othep une oeuvre toujours rééditées aujourd’hui.
La fantasy arrive en fait à partir des années 70. Le Seigneur des Anneaux est traduits seulement en 1971. Les oeuvres de Robert Howard suivront peu après. Mais les passionnés de science fiction et de fantastique se méfie de ce nouveau genre. L’appropriation pas des auteurs français est rare. Si les auteurs étrangers sont traduits dans des collections spécialisées en imaginaire, il en va autrement des auteurs français. Ainsi les premières oeuvres de fantasy français vont voir le jour dans des collections plutôt baroques. Ainsi Jean Tur signera les Mémoires de l’Arkon Tecla dans une collection d’ésotérisme. Sous l’Araignée du sud de Dominique Rocher et Charles Nightingale verra le jour dans une collection littéraire. De même une trilogie de Christa Sylf, le Régne des Géants sera publiée hors collection spécialisée. Ces oeuvres considérée pourtant comme remarquables par le critique Jean Luc Triolo passeront totalement inaperçues et il faudra attendre le début des années 80 et l’arrivée de Patrick Siry à la tête de la populaire collection Fleuve Noir Anticipation pour que les choses changent. En 1980 Gabriel Jan, qui s’était fait repérer auparavant par des romans de SF baroque, publie Tamkan le Paladin, un roman de sword and sorcery. Ce sera le début d’une longue série d’oeuvre de fantasy pour la collection.
Mais les choses bougent également ailleurs. Ainsi l’éditeur Néo va publier, Nocturne sur Fond d’Epée de Daniel Walther ( auteur de SF mais également directeur de collection à l’époque chez Opta où il avait introduit la fantasy) et il donnera plus tard à Anticipation, Le Cycle de Swa (traduit en anglais chez Daw sous le titre de The book of Shai). Deux auteurs, Sylvianne Corgiat et Bruno Lecigne se lance dans la création d’un univers partagé, Le cycle des Chimères, chez leur propre maison d’édition Plasma. Ils accueilleront des auteurs aussi talentueux que Jean Marc Ligny, Jean Pierre Hubert, Jean Pierre Vernay et surtout Alain Paris. L’éditeur va disparaître le public n’étant pas mûr pour ce type de projet.
Pendant ce temps le Fleuve Noir accueille des nouveaux venus comme Philippe Guy, Hugues Douriaux, Samuel Dharma ( en fait un pseudonyme de Thomas Bauduret, auteur fantastique qui signe aussi sous le nom de Patrick Eris) et surtout Alain Paris. Paris va faire rééditer le roman publié au cycle des Chimères, Chasseurs d’ombres. Et ensuite le Fleuve Noir va publier les grands cycles de l’auteur, Le cycle des Antarcides, La terre creuse ou encore Pangée. Il cosignera aussi les Chroniques de la Lune Rouge avec Jean Pierre Fontana. Mais l’auteur qui se fera remarquer est Michel Pagel avec Les Flammes de la Nuit, roman dont l’argument principal est la déconstruction des contes de fée.
Fleuve Noir continuera à publier des ouvrages de fantasy française. Ils seront bien seuls, la concurrence se contentant à l’époque de traduire des oeuvres anglosaxonnes. Il faudra attendre 1995 pour que les choses s’accélèrent. Le public de la fantasy s’est élargi. La popularité du jeu de rôles a amené une nouvelle génération à s’intéresser au genre et est arrivé ce qui devait arriver. Elle s’est également mis à en écrire. 1995 c’est la date de la parution du premier tome des Chroniques Crépusculaires de Mathieu Gaborit, auteur important et totalement hors norme, ne serait ce que par l’originalité de ses univers. Si la période Fleuve Noir a vu une domination de la sword and sorcery, les années 90 et 2000 seront celles de la high fantasy. Un auteur comme Pierre Grimbert arrivant à construire une oeuvre populaire digne des auteurs américains comme David Eddings. Ces auteurs seront publiés par Mnémos. Peu après les éditions Nestiveqnen vont publier des auteurs plus littéraires comme Nicolas Cluzeau ou Charlotte Bousquet. Ils vont également lancer une revue, Faéries, laquelle va perdurer jusqu’en 2007.
2001 voit la création de Bragelonne et la fantasy est enfin considérée comme un genre à part entière dans le paysage de l’imaginaire. Bragelonne et Mnémos publient de nombreux auteurs. Même si la tendance reste majoritairement la trduction, les auteurs français auront une place plus importante. Même si de 2005 à 2009 la part des auteurs français va stagner et voir peu de nouveaux venus arriver dans le paysage, force est de reconnaître que le début des années 2000 a vu l’arrivée de nouveaux auteurs prometteurs : Jean Luc Marcastel, Jacques Martel, Adrien Thomas, Thomas John, Guillaume Fourteau…. Il faut signaler le parcourt brillant de Pierre Pevel traduit en anglais de même que Antoine Rouaud grâce aux efforts de Bragelonne. La fantasy se porte de mieux en mieux. La France connaît des auteurs de plus en plus créatifs qui savent s’éloigner des sentier balisés de la fantasy épique classique pour aller dans d’autres directions.