Il y a eu de grandes dames dans l’immédiate après guerre (la littérature de merveilleux scientifique d’avant guerre, elle, était exclusivement masculine) comme Nathalie Henneberg, Julia Verlanger ou Christine Renard. Mais l’on se rend compte que tout n’était pas rose. Nathalie Henneberg cosignait ses romans avec son mari Charles. Nous savons aujourd’hui qu’il n’était qu’un prêt nom et que sa caution était nécessaire pour que les romans aient une chance de paraître. Car le monde de l’édition dans les années 50 était assez misogyne.
D’ailleurs une autre auteure, Françoise d’Eaubonne signait ses romans Fr. d’Eaubonne. Les choses ne sont pas forcément arrangé par la suite. Julia Verlanger devant adopter un pseudonyme masculin, Gilles Thomas pour publier ses romans au Fleuve Noir. Mais il est vrai que la littérature populaire était considérés comme une province plutôt masculine du monde des lettres et particulièrement au Fleuve. Les années 70 ont vu d’autres femmes accéder au statut d’écrivain de SF et notamment Joelle Wintrebert.
Mais la route a été longue pour que les femmes soient réellement reconnues par le monde éditorial. Le paradoxe était que ces même éditeurs n’étaient pas gênés par les traductions d’auteurs féminins anglosaxons. Et pourtant les femmes étaient là aussi comme en témoigne l’anthologie Amazonardes qui regroupe certaines des meilleures nouvellistes de l’époque. Mais il était difficile pour une femme nouvelliste, habituée des revues et des fanzines pour être éditée en volume. C’est l’amère expérience qu’a faite Sylvie Lainé dans les années 80. Elle avait gagné plusieurs prix comme le Grand Prix de l’Imaginaire ou le Rosny Aîné pour plusieurs de ses nouvelles. Pourtant aucun éditeur ne lui a proposé à l’époque de publier un recueil des ses nouvelles. Même par la collection Présence du Futur qui était le principal débouché pour le recueil francophone (et pourtant au début des années 80, la collection a été dirigé par une femme, Elisabeth Gilles).
Il a fallu attendre les années 90 pour voir arriver une nouvelle génération de femmes auteures, aussi bien en SF qu’en fantasy: Sylvie Denis, Charlotte Bousquet, Corinne Guiteau, Valérie Simon, Magali Ségura… C’est réellement de début du printemps de l’écriture féminine. Et cette montée en puissance des femmes auteures va réellement se poursuivre en ce début de 21 éme siècle. On signalera Jeanne A Débats ou Aurélie Wellestein qui se sont signalée comme des plumes importantes. Mais ce ne sont que les parties émergée de l’iceberg. Des éditeurs et fanéditeurs ont réellement fait des efforts envers les auteurs féminins. Je signalerais notamment le rôle des éditions Voy’el mais également celui du webzine Outremonde. Son fanéditeur Cyril Carau a créé ensuite les éditions Sombres Rets. Il y a dirigé plusieurs anthologies où il a mis un point d’honneur à obtenir une parité entre les auteurs féminins et masculins.
Aujourd’hui sauf cas exceptionnel les femmes ne sont plus marginalisées dans le fandom. Les femmes écrivains auraient même tendance depuis plusieurs années à être plus nombreuses que leurs collègues masculins. Il est clair que la marginalisation passée nous a côté un pan entier de lectorat qu’il a fallut conquérir par la suite, plus récemment.
Merci pour l’article.