Métal Hurlant, célèbre magazine de bandes dessinées fut une institution dans le monde de la culture de l’imaginaire français. A l’origine de la revue en 1975, nous trouvons Jean Pierre Dionnet, critique de bande dessinée qui oeuvre notamment dans divers fanzines mais qui livre une rubrique sur les comics américains dans la revue Fiction. Dionnet est aussi un passionné de contre culture qui s’intéresse à la bande dessinée mais aussi à la SF et au cinéma bis ainsi qu’au rock’n roll.
En 1975 la presse française est en profond bouleversement. De nombreux nouveaux titres apparaissent. Et c’est dans ce contexte que Métal Hurlant voit le jour. La revue va lancer de nombreux auteurs prometteurs dès son premier numéro. Le premier numéro accueille Moebius et Druillet ( qui avaient déjà commis des couvertures pour la revue Fiction). Et dès le départ la SF se taille la part du lion. Cette même SF connaît une période faste à cette époque et la revue connait un bon accueil. Même si la revue est accueille de nombreux auteurs orientées à gauche elle n’est pas sectaire. Ce n’est pas non plus une revue militante. Et de fait la SF proposée détonne un peu sur ce qui se fait à l’époque en France en littérature. Même si elle accueille des récits d’anticipation, on y trouve aussi des récits de science fantasy sous les plumes de dessinateurs aussi doués que Druillet, Moebius ou Caza. La revue ne dédaigne pas la fantasy classique en accueillant les diverses histoires de Jean Claude Gal ou Alef Tau de Jodoroski et Arno. Cette même fantasy est très mal considérée par un partie du fandom, certains allant jusqu’à parler de littérature d’extrême droite. Métal détonne donc dans une SF de plus en plus militante. Et finalement les auteurs littéraires les plus proches de l’esprit de Métal Hurlant au moment de sa sortie sont à chercher au Fleuve Noir, notamment Gabriel Jan, auteur de science fantasy largement sous estimé aujourd’hui. Il faudra attendre les années 80 pour voir arriver sur la scène de la science fiction française des auteurs comme Jean Marc Ligny et Roland C Wagner passionnés de rock ’n roll. Car Métal Hurlant c’était aussi ça publier des bandes dessinées inspirées par l’esprit du rock’n roll voir même du punk. 1977 n’est pas loin. La revue trace un pont entre la contre culture de 1968 et celle de 1977 et ce pont passe par la science fiction et l’imaginaire au sens large.
Dionnet sous titre sa revue la machine à rêver. Faire rêver est pour lui un acte subversif. En 1977, un éditeur américain s’intéresse à Métal et veut en faire une édition locale. Dionnet lui cède les droits pour une édition aux USA. Même si bien vite les BD issu du magazine français vont se trouver concurrencé par des productions locales, Heavy Metal, va vite devenir une revue culte aux USA. Elle va y faire connaître Moebius, Druillet ou Caza des dessinateurs français qui seront très respectés aux USA. Moebius va même intéresser la très prestigieuse maison Marvel; il signera une aventure du Silver Surfer avec Stan Lee. Métal Hurlant aura de nombreuses éditions en Europe.
Dans les années 80 la revue doit faire face à une concurrence de plusieurs autres tires. Elle est copiée, souvent par des publications éphémères. Le départ de Jean Pierre Dionnet pour la télévision en en 1984 va être le début de la fin. Les nouveaux rédacteurs en chef n’arriveront pas à retrouver la formule magique des débuts. Le lancement d’une autre revue Métal Aventures destinées aux adolescents ne permettra malheureusement pas d’inverser la tendance. Métal Hurlant s’arrête en 1987 après 12 ans de bons et loyaux services pendant lesquels il a servi la cause de la BD de science fiction.
En 2002 une nouvelle éditions vendues uniquement en librairie va voir le jour. Mais elle va s’arrêter après dix numéros. C’est les contenus de cette deuxième édition qui vont faire l’objet des adaptations de la série Metal Hurlant Chronicles.
L’édition américaine Heavy Metal, elle, a survécu jusqu’à nos jours.
L’histoire de Métal Hurlant c’est celle d’une occasion manquée. La BD de SF était plus intéressante que ce que pouvait proposer la majorité des auteurs français de SF dans les années 70 littéraire hormis une poignée d’entre eux plus influencés par le rock’n roll et la contre culture. Par une ironie du sort les auteurs de la fin des années 80 et du début des années 90 était plus en phase avec cet esprit là, n’hésitant pas à oeuvrer dans une SF décomplexée, alliant la réflexion à de véritables créations d’univers.
(Editor’s Note: Following his stint as editor of Amazing Stories, Ted White would later go on to edit the magazine Heavy Metal.)
Le mien aussi, très bon article.
I love it!!!!! My favourite magazine!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!