Histoire de la SF française : Modernité et désenchantement ( 2000-2014)

product_9782207117972_195x320Bref en 2002 la SF a connu un tournant et rentre dans une phase décroissante. Mais la production de littératures spéculatives reste importante car la fantasy, elle a un succès dopé à l’époque par différents succès cinématographiques (notamment l’adaptation du Seigneur des Anneaux). Dès 2001 les éditions Bragelonne se spécialiseront en fantasy et concentreront sur elles des critiques à boulet rouge. Car si la SF se lit moins c’est à cause du succès de la fantasy. En tout cas un part importante du noyau dur du fandom pense ainsi. A l’instar de Gérard Klein (directeur de la collection Ailleurs et Demain) qui fait de la fantasy l’expression d’une pensée magique superstitieuse et antiscientifique. Dans cette lutte des camps se forment et le fandom est balkanisé. Mais évidemment la réalité est ailleurs. La stratégie d’un certain nombre d’éditeurs de viser les amateurs de littérature générale haut de gamme et de les mener vers la SF (mais aussi la fantasy) grâce à des oeuvres passerelles exigeantes est un échec que les éditeurs en question même aujourd’hui ne reconnaissent pas. Depuis l’arrêt du poche chez Fleuve Noir, il n’y a plus de collection sur le créneau de la Sf populaire. Bref les torts sont partagés mais il est plus facile de blâmer le voisin.

Il est clair qu’à un moment les ventes de la SF ont été dopées par un effet an 2000. Mais au contraire de la fantasy, la Sf n’a pas cherché à renouveler son lectorat populaire, ni à s’adresser aux publics geeks. Les choses vont mal. La revue Galaxies va s’arrêter fin 2007. Il est clair que la ligne éditoriale ne plaît plus. Le nombre de titres baisse.

C’est le temps des small press. C’est en 2002 que se crée Rivière Blanche, éditeur qui pratique l’édition à la demande et qui est encore un des ultimes refuges de la science fiction populaire de qualité. En 2002 toujours c’est autour des Moutons Electriques de voir le jour. Puis Voy’el, puis Actusf (émanation du site internet du même nom), Critic ( créé par une librairie Rennaise), Ad Astra… Bref peu à peu les small press s’organisent et publient ce que les éditeurs plus importants n’arrivent plus à publier faute de public ou de volonté de corriger l’image du genre.

afficheEt au début 2010 il est difficile de compter sur des traductions de l’anglais (alors que les traductions ont toujours été des vaches à lait) à cause de la baisse du nombre de titres en SF pure chez les anglophones. Bref les éditeurs vont être obligés tant en SF qu’en fantasy d’augmenter le nombre de titres francophones. Mnémos est le premier éditeur qui applique cette stratégie dès 2009 (principalement avec des titres de fantasy) suivi peu après par l’Atalante. Même la collection Lune d’Encre de Denoel s’y met (pourtant  son directeur Gilles Dumay avait affirmé quelques années auparavant de pas vouloir publier de Français ou seulement à tire exceptionnel). De nouveaux auteurs apparaissent comme Laurence Suhner, Norbert Merjagnan.

Les éditions Lokomodo voit le jour en 2009 et créé en 2011 des labels comme Asgard ( grand format), Midgard (demi format) et ose publier des auteurs français et ce malgré une politique extrêmement contestée.(1)

SL-ESLH-BAujourd’hui la science fiction se porte assez mal. Certes le plus gros de la crise est passé et on arrive aujourd’hui à publier à nouveau de bons auteurs français. Mais il faut voir que le public s’est raréfié pour le genre SF et il en de même pour un fantasy, il y encore dix ans florissante. Un phénomène appelé par Serge Lehman “déperdition des vingt cinq ans” (en gros de nombreux lecteurs quand ils atteignent l’âge de 25 ans se détournent des genres de l’imaginaire) aggrave l’affaire. Aujourd’hui c’est la fantasy urbaine qui se taille la part du lion, certains éditeurs devant les difficultés de la librairie indépendante croit trouver le Saint Graal en s’adressant au lectorat de supermarché : la ménagère de moins de cinquante ans. Mais depuis 210 le fait que quelques jeunes auteurs aient été publiés ( Laurence Suhner, Arnaud Duval, Loïc Henry…) est un signe avant coureur de la volonté éditoriale de certain de conserver une science fiction de qualité.

(1) Par un hasard malheureux les éditions Lokomodo viennent d’annoncer leur faillite il y a deux mois.

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